Les Antidépresseurs
Introduction
Définition :
Les antidépresseurs sont des correcteurs pharmacologiques de l’épisode
dépressif majeur et de son potentiel de récidive. Ils agissent sur
« l’humeur douloureuse », « relèvent l’humeur
dépressive » et exercent une action prophylactique sur l’évolution
récurrente dépressive.
Vaste gamme de produits : les
plus récents réputés pour leur sécurité et leur maniabilité.
Mécanismes d’action différents.
Délai d’action de 15 j à 3 semaines.
Efficacité remarquable mais reste limitée à
60-70%.
Risque majeur : passage à
l’acte suicidaire qui augmente au début de cure surtout pour les
anciens produits.
Partie principale du Trt de la dépression.
Autres indications que la dépression : attaque de panique , TOC, boulimie, énurésie et les
douleurs chroniques.
Sommaire
I. Classification
A. Historique
B. Mécanismique
C. Thérapeutique.
II. Mécanisme d’action :
III. Antidépresseurs tricycliques
A. Imipraminiques
B. Apparentés aux tricycliques.
IV. Inhibiteurs des Monoamines oxydase
(IMAO) :
A. Non sélectifs ou classiques
B. IMAO-A
C. IMAO-B
V. Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine
(ISRS)
VI. Nouvelles molécules
VII. Pratique des antidépresseurs :
A. Episode dépressif majeur simple.
B. Etat dépressif réactionnel.
C. Dépression majeure bipolaire.
D. Trouble obsessionnel compulsif et
neurasthénie.
E. Dépression d’involution.
F. Dépression du schizophrène.
G. Anxiété aiguë type attaque de panique avec
agoraphobie.
I. Classification
A. Historique
Découverte relativement
récente : 1957.
-Les antidépresseurs
tricycliques (TCA) avec l’amitriptyline (Laroxyl®)
et l’imipramine (Tofranil®) ont été les premiers découverts, suivi par les
inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO).
-ISRS : inhibiteurs sélectifs
du recapture de le sérotonine.
-La découverte des 2 formes A et B de la monoamine
oxydase, différant l’une de l’autre par l’affinité :
o
de la forme A pour la NA et
la 5HT : moclobemide (Moclamine®), toloxatone
(Humoryl®).
o
de la forme B pour la
dopamine (DA) , la sélégiline (Déprenyl®).
Actuellement :les sous-types
de récepteurs sérotoninergiques, comme l’ipsapirone et le gépirone
…
B. Mécanismique
classification fondée sur les mécanismes d’action :
les tricycliques :
molécules à action noradrénergique :
o
spécifique
(métapramine),
o
dominante
(désipramine) .
molécules à action sérotoninergique
dominante (clomipramine).
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de
la 5HT (IRSS) sont sélectifs du transporteur présynaptique de la
5HT.
C. Thérapeutique
Actions antidépressives communes à toutes
les molécules.
Effets annexes : les effets
psychostimulants ou sédatifs.
Variabilité des effets indésirables
(excitation, anxiété troubles mnésiques, troubles du sommeil...)en
fonction des individus et des doses représente une sérieuse limite pour
cette classification existante.
II. Mécanisme d’action :
centré sur l’impact synaptique de ces
médicaments.
Tous les mécanismes d’action des antidépresseurs ne sont
pas
encore élucidés.
Au cours des Episodes Dépressifs : la
neurotransmission aminergique (essentiellement Noradrénergique et
5HT) est diminuée : corrélation anatomo-clinique de la
dépression pouvant s’expliquer par la down regulation des récepteurs
béta-adrénergiques, la diminution d’AMPc.
Cependant:
Autres grands systèmes de neurotransmission sont impliqués
de façon +/- partielles dans la dépression:
o
le système
cholinergique,
o
le système
GABA-ergique,
o
le système
dopaminergique,
Antidépresseurs
tricycliques.
Ils sont considérés (avec les IMAO) comme les plus
efficaces,
mécanismes d’action impliquant des effets adrénergiques,
sérotoninergiques, anticholinergiques centraux et périphériques.
antidépresseurs tricycliques imipraminiques et
antidépresseurs à structure tricyclique d’apparition plus
récente.
A. Les antidépresseurs imipraminiques
Indications :
Ce sont les états dépressifs de toutes natures,
mélancolique ou névrotique,
la référence dans la prise en charge des dépressions
sévères.
Caractéristiques pharmacocinétiques :
propres à chacune des
molécules
Résorption par voie digestive rapide et
importante ;
Liaison aux protéines plasmatiques importante (de 75 à
95%);
Métabolisme hépatique ;
Elimination rénale.
Passage transplacentaire et dans le lait
maternel.
Demi-vie des molécules : svt proche de 24-30 heures
->autorise la prise unique.
Effets indésirables :
fréquents,souvent bénins. On distingue :
- Effets neuropsychiques :
Réactivations anxieuses ou délirantes
possibles,
Inversion trop rapide de l’humeur pouvant
conduire à un état maniaque.
Classiquement, on décrit la levée de
l’inhibition comportementale (plus rapide que l’amélioration de l’humeur
dépressive) majorant le risque suicidaire et pouvant nécessiter une
co-thérapie, aujourd’hui non standardisée (benzodiazépine ou
neuroleptique).
Chez sujet âgé : syndromes
confusionnels décrits.
- Effets atropiniques :
Sécheresse buccale est fréquente (le sulfarlem est parfois
nécessaire).
Constipation : diminution de la motilité intestinale.
Mydriase et Troubles de l’accommodation.
Dysurie avec risque de rétention urinaire sur obstacle
peut être observée.
- Effets cardio-vasculaires :
L’hypotension.
Les arythmies et les troubles de conduction
avec risque de mort subite sont liés aux surdosages: risque majeur des
antidépresseurs tricycliques, notamment sur terrains
prédisposés.
- Effets endocriniens :
Les troubles de la sexualité seront imputés
avec prudence aux antidépresseurs car ils font partie de la
symptomatologie dépressive.
Baisses de la libido ou des défauts d’érection en cours de
traitement sont bien décrit.
Dysménorrhée, hyperprolactinémie, prise de
poids et mastodynies.
Contre-indications :
Les plus absolues sont représentées par
les troubles sévères de la conduction
cardiaque,
le glaucome par fermeture de l’angle,
les hypertrophies et adénomes prostatiques,
l’hypersensibilité à l’un des produits.
L’association aux IMAO non sélectifs est contre-indiquée
:la règle étant de respecter un intervalle de 15 jours après l’arrêt des
IMAO (inversement, un intervalle de 5 jours est suffisant pour passer des
antidépresseurs tricycliques aux IMAO).
Intoxication aux tricycliques
:
urgence: pronostic vital.
intervalle libre de 4 heures ou moins.
La survenue de troubles cardiaques fait toute la gravité
de cette intoxication
o
Surveillance attentive en
milieu spécialisé + mise sous scope du patient;
o
Lavage gastrique évacuateur
est à pratiquer;
o
Mesures de réanimation de
base.
Conduite du traitement :
Augmentation progressive des posologies est une règle a
respecter;
Attendre trois semaines de traitement avant de décréter
l'échec thérapeutique et de changer de molécule.
Intérêt pharmacologique des formes injectables est
aujourd’hui remis en question.
la posologie efficace des imipraminiques est de 75 à 150
mg, voire 200 mg par jour ; elle doit être atteinte par paliers quotidiens
successifs de 25 mg ;
chez le sujet âgé, cette posologie doit être réduite,
habituellement de moitié
Nom de spécialité |
D.C.I. |
Présentation |
Posologie (mg/j) |
Demi-vie |
Tofranil |
Imipramine |
cp à 25 et 10 mg
ampoule à 25 mg |
50 à 150 |
9 à 20 h |
Anafranil |
Clomipramine |
cp à 10, 25 et 75 mg
ampoule à 25 mg |
50 à 150 |
21 h |
Pertofran |
Désipramine |
cp à 25 mg |
100 à 200 |
22 h |
Laroxyl |
Amitriptyline |
cp à 25 ou 50 mg
ampoule à 50 mg
solution 1 mg = 1 goutte |
25 à 150 |
22 à 40 h |
Les antidépresseurs apparentés aux
tricycliques.
Apparition plus récente et possèdent des particularités
propres à chaque spécialité.
souvent dépourvus d’effets anticholinergiques ou
cardiaques.
souvent d’efficacité comparable à celle des tricycliques
de référence (imipramine).
Nom de spécialité |
D.C.I. |
Présentation |
Posologie |
Demi-vie |
Survector
(dopaminergique) |
amineptine |
cp à 100 mg |
100-200 mg/j |
12 h |
Stablon |
tianeptine |
cp à 12,5 mg |
37,5 mg/j |
2 h |
Vivalan |
viloxazine |
cp à 100, 300 mg
ampoules à 100 mg |
300 mg/j |
4 h |
Athymil
(Blocage des récepteurs a2
présynaptiques) |
miansérine |
cp à 10 ou 30 mg |
30 mg/j |
17 h |
Les inhibiteurs de la monoamine oxydase
Deux points fondamentaux :
la sélectivité (soit pour la MAO-A, soit pour la MAO-B)
et
la réversibilité de la liaison qui conduit à l’inhibition
enzymatique.
On distingue ainsi 3 types d’IMAO :
A. Les IMAO non
sélectifs
les plus anciens,
irréversibles représentés par la nialamide et
l’iproniazide.
efficacité est comparable à celle des antidépresseurs
tricycliques de référence .
jamais proposés en première intention du fait de leur
maniement malaisé.
réservés aux états dépressifs résistant à un traitement
bien conduit par antidépresseurs tricycliques.
Effets indésirables :
o
Les hypotensions
orthostatiques, les accès hypertensifs soudains sont décrits, notamment en
cas de prise alimentaire de tyramine.
o
troubles neurologiques :
des polynévrites, des convulsions.
o
Des hépatites fulminantes.
o
En cas d’anesthésie générale,
un délai de quinze jours doit être respecté.
o
Les aliments riche en
tyramine (Pommes de terres, Choux, Gruyère, Camembert, Chianti) :
interdits pendant le traitement, ainsi que l’association à d’autres
médicaments.
B. Les IMAO-B
spécifiques de l’inhibition de la monoamine
oxydase de type B.
la selegiline ou
déprenyl : indiquée dans la maladie de Parkinson où elle permet
de retarder l’introduction de la levodopa.
C. Les
IMAO-A
Spécifiques de l’inhibition de la monoamine oxydase de
type A ;
Risque d’interaction alimentaire et médicamenteuse est
considérablement réduit ;
On distingue : la toloxatone (Humoryl®) le
moclobemide (Moclamine®), la befloxatone.
V. Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
(IRSS)
Leur apparition est relativement récente (1988).
Efficacité semblable aux tricycliques mais
avec des effets anticholinergiques faibles (voire nuls) et une absence de
toxicité cardiaque.
La posologie optimale est souvent prescrite
d'emblée ou est atteinte progressivement en 3 à 4
jours.
Indications :
o
Etats dépressifs de toutes
natures.
o
Utilisation en
première intention : aisément justifiable chez les sujets âgés,
polymédicamentés, souffrant de pathologies cardio-vasculaire et chez les
sujets présentant des idées
suicidaires.
Nom de spécialité |
D.C.I. |
Présentation |
Posologie (mg/j) |
Demi-vie |
Prozac |
Fluoxétine |
gélule à 20 mg |
20 à 60 |
24 à 96 h |
Zoloft |
Sertraline |
gélule à 50 mg |
50 à 200 |
26 h |
Floxyfral |
Fluvoxamine |
comprimés à 50 ou 100 mg |
100 à 300 |
15 à 22 h |
Effets indésirables :
Nausées, vomissements, constipations et de l’anorexie.
insomnies , céphalées, des accès hypersudatifs et des
baisses de la libido.
syndrome de sevrage été décrit d’ou la règle
de la décroissance posologique lorsqu’on envisage d’arrêter le traitement.
Le syndrome sérotoninergique
o
souvent méconnu, justifie
l’arrêt immédiat du traitement.
o
Il est lié à certains
surdosages ou à des interactions et peut entraîner une hospitalisation,
voire la mise en jeu du pronostic vital.
o
symptômes
d’ordre :
§
digestifs (diarrhée),
§
végétatifs (sueurs,
dysrégulation thermique, hypo ou hypertension),
§
moteurs (myoclonies,
tremblements),
§
neuropsychiques (confusion,
agitation voire coma).
Interactions médicamenteuses.
: à connaître, les IRSS étant capables d’interagir
avec des médications concomitantes, selon les mécanismes suivants :
Inhibition enzymatique hépatique.
Association à d’autres produits
sérotoninergiques : le risque de syndrome sérotoninergique déconseille
fortement l’association aux IMAO même sélectifs, à la clomipramine et à la
buspirone.
Perturbations électrolytiques : Les IRSS sont susceptibles
d’entraîner une hyponatrémie, l’administration concomitante de diurétique
augmente ce risque.
Les nouveaux antidépresseurs
On les appelle également " dual-action "
antidépresseurs, du fait de leurs impacts synaptiques multiples.
La mirtazapine :
Cette molécule agit à la fois sur les voies noradrénergiques et sur les
voies sérotoninergiques.
Le milnacipran (Ixel) : C’est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la NA
qui vient récemment d’être commercialisé.
La nefazodone est un
antagoniste des récepteurs 5HT2 et un inhibiteur
de la recapture de la 5HT.
La venlafaxine :
Cette molécule inhibe la recapture à la fois de la sérotonine et de la
NA.
Pratique des antidépresseurs
Episode dépressif majeur simple
Tableau clinique :
fatigue inexplicable ;
anxiété inhabituelle ;
insomnie d’endormissement récente ;
l’incapacité à prendre du plaisir ;
anxiété sociale avec
évitement…
Chimiothérapie antidépressive majeure est
nécessaire :
Premier choix : ISRS : Prozac 20 mg, 1gélule le
matin sur 15 j puis 2 gélules si besoin ( ou bien Zoloft) pour une durée
de 4 mois à compter de l’amélioration des désordres.
On associe à l’antidépresseur un anxiolytique pour qlq
semaines dans le cadre d’un support psychologique puis
psychothérapique.
Etat dépressif réactionnel
-Dépression limite = marqué par un sd de
menace suicidaire : tentative suicidaire et risque de récidive
précoce chez sujet jeune en réaction à une frustration associé à des
conduites de dépendance, agressivité, attitudes histrioniques, insomnie,
malaises dans le contexte d’un échec relationnel , séparation
familiale,déception sentimentale.
-Risque évolutifs : suicide,
alcoolisme, errance diagnostique de consultations multiples,
dépression.
-La chimiothérapie combine un
antidépresseur de fond en premier choix un ISRS.
-Si réponse insuffisante : dérivé
tricyclique ou équivalent + un anxiolytique ou mieux un
sédatif.
Le traitement consiste à :
Elaboration d’une alliance
thérapeutique.
Suivi psychothérapique.
Entretiens avec l’entourage comportant une
prévention du risque suicidaire, de la dépression et de
l’alcoolisation.
Dépression majeur bipolaire
ISRS en premier choix : Prozac ou
Zoloft + anxiolytique ou sédatif .
neuroleptique en cas de risque de suicide
important : Nozinan 50 mg.
D’autres psychotropes peuvent être
ajoutés.
Support psychologique puis psychothérapique
est proposé selon la personnalité.
Trouble obsessionnel compulsif
Anafranil (clomipramine) 4 cp de 75 mg /j ou PROZAC 60 mg.
Anxiolytique transitoire.
Thérapie comportementale et cognitive à type
de conditionnement par désensibilisation et une psychothérapie de soutien
en suivi ambulatoire de long
cours.